Le sujet n’a pas fini de faire débat outre-Rhin. Dans une note publiée mardi 22 septembre, l’institut de recherche économique de Munich Ifo, connu pour ses positions conservatrices, estime que les 800 000 réfugiés attendus cette année en Allemagne « coûteront 10 milliards d’euros à l’Etat ».
Tout en soulignant la nécessité humanitaire de les accueillir, l’Ifo doute que l’impact de cette vague de migrants soit positif pour l’économie du pays. « Pour éviter que la crise des réfugiés se transforme en fardeau de long terme pour les contribuables allemands, il conviendrait de réduire le nouveau salaire minimum [8,50 euros l’heure] », estiment ses experts. Peu qualifiés, les immigrés d’Irak, du Nigeria, de Syrie ou d’Afghanistan ne trouveraient en effet pas d’emploi à un tel niveau de rémunération. Selon l’institut, citant les chiffres de la Banque Mondiale, 53 % des 14-24 ans Afghans sont illettrés, 34 % des Nigérians, 18 % des Irakiens et 4 % des Syriens.
Déclin démographique
Plutôt radicales, les conclusions de l’Ifo sont loin de faire consensus parmi les économistes allemands et européens. « Nous estimons que l’afflux important de réfugiés et de demandeurs d’asile constitue une véritable opportunité pour l’Allemagne », estime au contraire Johannes Gareis, chez Natixis, à Berlin. Dans une note sur le sujet, publiée lundi 21 septembre, celui-ci évalue le « coût » d’un réfugié de 800 à 1 000 euros par mois pour l’Etat allemand, si l’on prend en compte la somme forfaitaire journalière de 11,79 euros versée à chaque migrant, les subventions pour le logement et le chauffage ou encore les frais médicaux. L’accueil de 800 000 migrants cette année pourrait donc gonfler les dépenses publiques de 7,7 à 9,6 milliards d’euros en 2015, soit 0,2 à 0,3 % du produit intérieur brut (PIB), calcule M. Gareis.
Mais se limiter à cette grille de lecture serait réducteur, prévient-il, jugeant « qu’à terme, l’arrivée de migrants contribuera à soutenir la croissance et la viabilité des finances publiques ». Ces derniers compenseront en effet en partie l’inquiétant déclin démographique de l’Allemagne, qui devrait voir sa population active plonger de 16 % d’ici à 2060, pour tomber à 67,6 millions de personnes. Au risque de mettre en péril le financement des régimes sociaux.
Cours d’allemand
« Les immigrants sont en moyenne plus jeunes que la population d’outre-Rhin, explique Guntram Wolff, directeur du centre d’études Bruegel, dans un post de blog. « Beaucoup apportent des compétences particulières dont l’industrie allemande peut profiter. » Karl Brenke, économiste à l’institut berlinois DIW, qui publie également une étude sur la question mercredi 23 septembre, estime ainsi que, sur les 800 000 candidats à l’asile attendus cette année, 100 000 à 200 000 seront disponibles en 2016 sur le marché du travail.
Il vous reste 13.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.